En août prochain, une réunion du G7 se tiendra à Biarritz. La France, pays organisateur, a choisi comme thème principal, la lutte contre les inégalités. L'occasion rêvée pour interpeller les représentants des plus grandes puissances économiques mondiales sur les sujets qui préoccupent les ONG engagées auprès des plus pauvres.

Spécialisée dans la prévention et le traitement de la malnutrition, Action Contre la Faim (ACF) a décidé de saisir cette opportunité pour proposer dans plusieurs villes de France des consultations citoyennes.

A Rennes, le 23 mai la délégation d'Ille-et-Vilaine invitait à une réflexion centrée sur le lien entre la faim et le genre.

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ACF a choisi de « mettre la faim au menu du G7 ». En 2019, les bénévoles de l'ONG se mobilisent pour sensibiliser un public le plus large possible afin « d'encourager la réflexion et le débat parmi les citoyen-ne-s sur les solutions à mettre en place pour lutter plus efficacement contre la faim dans le monde ».

A l'issue des différentes rencontres organisées à Lille, Lyon ou Rennes notamment, un compte-rendu vient d'être publié sur le site d'Action contre la Faim et certaines des propositions adoptées lors des événements figureront au document de synthèse présenté le 15 juin à Paris lors d'un colloque à l'occasion de la journée mondiale contre la faim.

Les femmes plus exposées à la faim que les hommes

Pour l'ONG, avec ses plus de 800 millions de personnes qui en souffrent dans le monde, la faim est la première des inégalités. Parce que les femmes ont « un rôle central dans la gestion de l'alimentation » mais sont aussi « plus vulnérables » face à la malnutrition, ACF a choisi l'angle du genre pour ouvrir la réflexion.

Amélie Le Borgne, déléguée départementale d'ACF pour l'Ille-et-Vilaine, insiste sur le fait que les femmes sont plus exposées que les hommes à la faim dans le monde. Pour des raisons physiologiques, d'abord, explique-t-elle détaillant les « besoins spécifiques des filles à la puberté » mais aussi à l'âge des maternités où les carences des mères peuvent se répercuter sur leurs bébés.

Pour des raisons sociétales aussi ; « les petites filles sont souvent moins bien soignées, moins nourries – énumère-t-elle – les femmes sont chargées des plus lourdes tâches comme aller chercher l'eau à des kilomètres de leurs lieux d'habitation, acheminer le bois pour la cuisson des aliments, supporter tous les travaux agricoles, etc. En Afrique Subsaharienne, par exemple, elles représentent entre 60 et 80 % de la population agricole mais ne sont propriétaires qu'à 10 %. » Elles sont moins éduquées et ont un moindre pouvoir de décision dans les ménages ; « elles sont responsables de nourrir leur famille, mais ce sont toujours les maris qui tiennent les cordons de la bourse ! »

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Des suggestions d'actions pour le G7

Lors de la consultation rennaise, les partenaires associatifs invités ont imaginé quelques pistes de réflexion et identifié une dizaine de propositions qui pourraient être soumises au G7.

La déléguée départementale a pu résumer les propositions faites en cinq suggestions : s'engager à la création d'un haut-commissariat aux droits des femmes qui mettrait cette question au cœur de tous les débats ; organiser un sommet annuel pour rendre compte des évolutions ; financer la scolarisation des filles par une taxe sur les produits exportés ; communiquer sur la protection spécifique des femmes ; éveiller les consciences par une journée soutenue par l'ONU ; « et si les femmes du monde rendaient leur tablier le temps d'une journée ? » suggère Amélie Le Borgne.

« Il y a 3 ans, les pays membres du G7 se sont engagés à réduire le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde à 500 millions. Or, depuis 3 ans, la faim est en constante augmentation ! Les principales causes de cette augmentation sont la hausse des conflits et le réchauffement climatique. Or, ces causes sont majoritairement engendrées par les pays du G7 » rappelle Action Contre la Faim.

« On n'accédera pas physiquement à Biarritz » déplore Amélie Le Borgne. Mais elle sait que son association, présente sur le terrain depuis 40 ans, saura faire entendre la voix des femmes pour rappeler aux plus puissants leurs engagements.

Geneviève ROY