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Elle voulait faire un métier qui la fasse voyager.

Aurélie Denais est allée « voir le monde » pour y rencontrer des « gens curieux et passionnés » puis elle est rentrée à Rennes où elle continue à développer sa passion du vin.

Caviste et sommelière itinérante, elle défend des vins naturels faits par des vignerons attentifs à leur environnement.

Pour eux, elle se définit comme « dealer de vins ».

 

 Au début il y a bien sûr, la famille. Celle d'Aurélie Denais aime les bonnes choses ; sur la table on trouve des « produits frais de saison » et même si on est encore jeune on boit un « petit peu pour goûter ». « Ma famille m'a toujours éduquée au goût » résume sobrement Aurélie. Ce n'est sans doute pas un hasard si elle donne ses rendez-vous à la terrasse de la Petite Nature, un café-cantine bio du quartier Arsenal de Rennes.

Une petite fleur de passion

Et ce n'est pas un hasard non plus si à l'heure des choix professionnels, Aurélie se retrouve en lycée hôtelier. Ses motivations sont simples : « sortir de l'école rapidement, savoir se débrouiller et être autonome, avoir un métier qui permet de voyager. » Ses premières tentatives en cuisine la déçoivent, le service en salle lui semble ennuyeux - « ça manquait de matières intellectuelles » - mais Aurélie trouve sa voie du côté de la cave. « J'ai rencontré des sommeliers – se souvient-elle – et tout de suite c'est devenu une passion ! »

A l'école de Dinard, dans une classe de douze élèves, elles sont trois filles et Aurélie poursuit sa formation pour devenir sommelière. Elle fait une nouvelle rencontre qui la marque à jamais. Monsieur Stévanin - « prof reconnu et apprécié de ses élèves » - lui ouvre de nouveaux horizons. « C'est un passionné, un peu fou, littéraire, poète... Il transmet plus que de l'information, il nous donne une petite fleur de passion et nous emmène dans un univers ! » s'enthousiasme la jeune femme des années plus tard.

aureliedenais2Après un long passage par la restauration, Aurélie décide de « réaliser certains rêves. » « Je suis née à la campagne, dans un truc un peu paumé – raconte-t-elle avec le sourire – j'avais besoin de voir le monde. » Alors, elle part et au fil de ses voyages multiplie les petits métiers : la plonge, la cuisine, mais aussi le ménage. Et se retrouve sommelière à... Melbourne. Puis rentre en France, à Rennes, forte de ses expériences.

 

« C'est sans fin, le vin ;

il y a toujours à creuser ! »

 

Aujourd'hui, Aurélie Denais est à la fois sommelière et caviste. « Je me suis créé un format qui me convient entre la restauration qui est chronophage et la cave où on est moins dans l'interactivité de la dégustation. » Caviste chaque samedi matin sur le marché des Lices à Rennes, elle vend aussi sur des marchés à la ferme et en ventes privées à domicile ; en parallèle, elle propose des cours d'œnologie dans différentes structures de Rennes et de l'agglomération et également à domicile. Une façon de partager sa passion qui lui va bien.

« J'aime bien être à fond dans ce que je fais – dit encore Aurélie – j'essaie d'être de A à Z dans la sélection de mes produits, dans la maîtrise des connaissances ; je me remets en question, j'étudie tout le temps. C'est sans fin, le vin ! Il y a toujours à creuser, à chercher... »

Et Aurélie cherche, même pendant ses vacances. Et elle trouve dans tous les terroirs de France, des vins naturels qu'elle fait découvrir autour d'elle. Comme il n'y a pas de vins en Bretagne, mais qu'Aurélie se veut « vinovore » comme d'autres sont locavores, elle travaille beaucoup avec des vignerons de la Loire et tente notamment de réhabiliter le Muscadet tout proche. « Il y a plein de gens qui essaient de faire des choses bien dans cette région – note-t-elle – et qui sont mis dans le paquet des vins qui font mal à la tête ! »

Beaucoup de choses dans une bouteille

Ses vins, à elle, ne représentent que 4 à 5% de la production française, mais ils ne donnent pas la migraine. Ils sont naturels, c'est-à-dire « que ce sont des vins qui doivent être accompagnés par le vigneron ». « Il faut être – explique la sommelière – le plus à l'écoute de la vigne et le moins interventionniste possible ; c'est beaucoup plus de temps et plus d'humains ! »

aureliedenais3On sent la passion, une fois encore, quand Aurélie avoue : « ça me plaît d'être dealer de vins, de faire bosser mes copains vignerons. Il y a tout un travail derrière, une sélection, des réseaux humains. Il y a beaucoup de choses dans une bouteille, en fait, ce n'est pas seulement du raisin fermenté ; il y a aussi une histoire, du respect de la terre, des hommes...et les gens avec qui on la partage ! » On l'aura compris, Aurélie ne vend pas seulement des vins mais aussi « le bonhomme qui les a faits ! »

Etre femme dans une cave n'a jamais été un problème pour Aurélie. Bien sûr, dans le milieu rural, ça peut prendre plus de temps pour être reconnue ; bien sûr, parfois, au marché, certains clients « costard-cravate » voudraient lui montrer qu'ils connaissent mieux le vin qu'elle. La jeune femme les laisse parler et puis dit-elle « j'essaie de compléter et ils finissent par se rendre compte que je n'arrive pas de nulle part et que je connais mon sujet. » Pour elle, ce qui compte c'est d'abord l'expérience et la jeune femme diplômée en 2001 n'en manque plus désormais.

 

« Ça prend toute mon énergie (...)

je n'ai pas touché un crayon depuis deux ans »

 

Le vin est selon Aurélie Denais un des produits les plus secrets de France. Inutile donc, de se fier à l'étiquette qui n'apportera que très peu de renseignements. Pour elle, la solution pour bien choisir est de faire confiance à un ou une caviste. « Une bouteille de vin dans un supermarché, sous un néon, à la même température que le riz et le papier toilette, ça n'a pas de sens ! » s'emporte-t-elle gentiment.

Depuis deux ans, elle a donc choisi de mettre son expérience au service des consommateurs qu'elle apprécie curieux. S'ils en ont envie, elle a « toujours du temps pour parler des vins. »

Du temps, c'est précisément pour en avoir plus qu'elle a voulu créer sa propre activité. Or, elle reconnaît aujourd'hui qu'il n'en est rien. « Ça prend toute mon énergie ! Je faisais beaucoup de peinture, des collages... Je n'ai pas touché à un crayon depuis deux ans ! » Pour « redescendre le mental » de temps en temps, Aurélie s'est mise à la couture ; « c'est pratique et utile et on voit vite le résultat – dit-elle – ce n'est pas comme l'art qui demande d'avoir beaucoup plus de légèreté d'esprit. » A « trente et quelques années » Aurélie a toujours su aller vers ceux qui comme elle sont « curieux et passionnés » ; pour l'instant, cela semble plutôt lui réussir.

Geneviève ROY

Pour aller plus loin :  retrouver Aurélie sur sa page facebook et/ou prendre contact au 06 24 31 95 34 ou par mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.