Les années 70 ont-elles véritablement été celles de la libération sexuelle pour les femmes ? Voilà ce qui interroge Marine Gilis, doctorante en Histoire à l'Université d'Angers, qui prépare une thèse sur les mouvements proches du MLF dans l'Ouest de la France.
Pour compléter son enquête déjà entamée à Rennes, elle se propose de faire un tour de Bretagne cet été à la rencontre d'anciennes militantes qui accepteraient de témoigner.
Et de l'héberger...
Fin des années 60, début des années 70, les revendications des femmes, notamment celles concernant la contraception et l'avortement, s'intensifient et s'organisent. En Bretagne, si on parle peu du MLF (mouvement de libération des femmes) des groupes de parole voient le jour. Pour Lydie Porée et Patricia Godard, autrices de « Les Femmes s'en vont en lutte », ces groupes « constituent un moment clé dans la prise de conscience féministe des Rennaises et sont le reflet de leur vécu et de leur parcours ». Présents à Rennes, ces groupes existaient aussi dans d'autres villes bretonnes.
C'est en tout cas la conviction de Marine Gilis, doctorante à l'Université d'Angers, qui a décidé d'orienter sa thèse sur les « expériences de libération sexuelle » sur les deux régions voisines de Bretagne et des Pays de la Loire. « C'est un travail féministe de rendre visible des parcours de femmes » explique-t-elle, désireuse de doubler son travail d'universitaire avec son engagement au sein de l'association Archives du Féminisme.
De Saint-Brieuc à Audierne en juillet
C'est donc dotée d'une caméra qu'elle sillonnera la Bretagne cet été afin de produire des témoignages vidéo qui pourront servir de matière première pour la recherche. Ces premiers entretiens lui permettent de faire un premier constat ; « il y a eu la libération sexuelle pour les hommes, c'est-à-dire plus de sexe, moins de contraintes – analyse-t-elle – mais pour les femmes qui ne bénéficiaient ni du droit à l'avortement ni d'une contraception facile d'accès, ce n'étaient pas les mêmes problématiques ».
Aussi, la jeune femme souhaite-t-elle amplifier sa recherche et « toucher d'autres localités ». Avant de s'attaquer aux Pays de la Loire, c'est en Bretagne qu'elle sera donc prochainement. Elle s'est fixé quarante témoignages et lance un appel vers celles qui pourraient accepter de partager leur vécu. Et si possible l'héberger...
En effet, c'est en vélo que Marine Gilis s'est lancé le défi de rallier Saint-Brieuc à Audierne à partir du 2 juillet. Si elle travaille actuellement sur son initinéraire, rien n'est définitivement arrêté. « Je commence à avoir des contacts du côté de Douarnenez, Brest ou le Cap Sizun – énumère-t-elle – mais entre Saint-Brieuc et Brest, je n'ai rien ; pourtant, je suis sûre qu'il y a des personnes concernées à Lannion ou à Morlaix ! »
Une expérience de rencontres et de dépassement de soi
La jeune femme reconnaît avoir « envie de vivre [sa] thèse comme une aventure , une expérience non seulement de recherche mais aussi de rencontres et de dépassement de soi ». Elle souhaite dessiner son parcours en fonction des témoins chez qui elle pourrait poser sa caméra. Elle rêve aussi de « créer une dynamique » avec ses interlocutrices comme elle a déjà commencé à le faire avec les participantes rennaises qu'elle informe de l'avancée de son travail et des différentes communications qu'elle peut faire à partir de leurs paroles.
Marine Gilis a découvert en préparant son voyage que « la Bretagne n'est pas plate ». Et pour alléger son parcours, elle a dû faire l'impasse sur Saint-Malo. « La limite, ce sont mes petites jambes » plaisante celle qui se prépare physiquement pour l'instant en piscine. « Je n'ai pas encore mon vélo – regrette-t-elle – mais je m'entraîne tous les jours ! ».
Et non sans humour, elle précise pour attirer les bonnes volontés que son vélo et elle adorent les chats, ne fument pas et ont plein de choses à raconter. Et à écouter, surtout !
Geneviève ROY
Pour aller plus loin :
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