Elle a vu le jour avec le siècle et à vingt ans, peut déjà afficher un glorieux palmarès en matière d'engagements solidaires. Le nouveau projet de Margot Dejeux, combinant sa passion pour l'image, ses études de sociologie et ses convictions féministes, se prépare tranquillement dans son Finistère natal.
Objectif : dénoncer l'invisibilisation de la vieillesse au féminin.
Avant de démarrer le tournage, il lui reste un dernier défi : trouver quelques femmes de plus de 65 ans qui acceptent de se livrer devant la caméra.
Quand sa vie militante débute, Margot Dejeux n'a que treize ans. Passionnée de voile, elle se met au service d'une association locale pour permettre à des personnes en situation de handicap de découvrir, de port en port dans le pays Bigouden, les joies de la navigation. Un tour de côte qu'elle refera l'année suivante au profit du Téléthon et cette fois-ci seule après avoir créé sa propre association. Pas tout à fait seule, tout de même. « Mes parents m'ont toujours accompagnée dans tous mes projets » confie-t-elle aujourd'hui. Aux Glénans, toujours en bateau, elle participe à une campagne de sensibilisation pour la préservation de l'environnement puis devient marraine de la fédération Enfants Cancer Santé.
Pas étonnant si du haut de ses seize ans, notre petite Bretonne se voit remettre tour à tour le prix régional du civisme pour la jeunesse puis le prix national de la citoyenneté en 2016. « C'était incroyable comme reconnaissance de tout ce que j'avais fait » reconnaît-elle. Et quand elle participe à rallumer la flamme sous l'Arc de Triomphe à Paris, c'est pour elle un moyen de « montrer que les jeunes peuvent s'engager à leur échelle ».
« C'est tout à fait différent d'aborder la vieillesse
selon qu'on est une femme ou un homme »
Avec son association, Margot a toujours cherché à mettre « les autres en avant ». Ce qu'elle veut c'est mettre en place des actions caritatives au profit d'autres structures. Aujourd'hui, son projet cinématographique s'inspire un peu des mêmes intentions. De sa grand-mère aussi, sans doute. « Bouleversée et inspirée » par le parcours de cette femme, cheffe d'entreprise, victime d'un AVC et condamnée à finir sa vie sur un fauteuil roulant, Margot ne cesse de l'admirer. « Je suis très fière de ce qu'elle a pu être – dit-elle – elle n'est plus là désormais, mais je reste admirative de son parcours et de sa force malgré la double problématique de la vieillesse et du handicap ».
Au collectif brestois L'Cause où elle est bénévole depuis quelques mois, Margot rencontre beaucoup de femmes beaucoup plus âgées qu'elle et trouve « super enrichissant d'entendre leurs points de vue ». Ses convictions féministes la portent également à observer qu'à partir d'un certain âge, les femmes dans la société sont « marginalisées » si ce n'est dans « les publicités qui visent à vendre des produits de beauté pour masquer les rides ou des protections hygiéniques » . C'est pour dénoncer cette réalité qu'elle a choisi de réaliser un court-métrage pour leur donner la parole parce que, dit-elle, « c'est tout à fait différent d'aborder la vieillesse selon qu'on est une femme ou un homme ».
« Je veux m'extraire du schéma scolaire (...),
me former moi-même et apprendre des autres »
Dernière étape avant le tournage proprement dit, le casting. Margot est déjà en lien avec plusieurs femmes de l'association L'Cause mais recherche d'autres volontaires, prêtes à aborder avec elle toutes les questions liées notamment à la vieillesse du corps. Son documentaire qu'elle imagine comme « une tribune » est surtout destiné à « laisser parler les sentiments ».
Aux confins de la sociologie et du cinéma, Margot hésite entre plusieurs professions : le cinéma, le journalisme, la photographie... avec toujours cette même idée de s'effacer derrière les autres. Ce premier film sera pour elle décisif. « Je suis dans l'optique de me former moi-même » dit-elle. Cette amoureuse du grand large déclare vouloir « [s]'extraire du schéma scolaire pour s'épanouir à travers les associations et les expériences » et surtout ajoute-t-elle spontanément, « apprendre des autres ».
Geneviève ROY
Pour aller plus loin :
Vous êtes une femme entre 65 et 75 ans, vivant de préférence dans le Finistère, et vous souhaitez participer au film de Magot Dejeux, contactez-la à l'adresse mail :
Photo : autoportrait de Margot Dejeux