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A Monteneuf (56) l'engagement pour l'égalité femmes/hommes semblait faire partie du paysage politique. A tel point que depuis quelques mois, la commune située entre Rennes et Vannes, songeait à devenir une sorte de modèle, première à exhiber au fronton de sa mairie une devise républicaine d'un genre nouveau.

Hélas, les élections municipales ont rebattu les cartes.

Et les militantes de l'association Les Egalithes ne cachent plus leur déception.

 

C'était en janvier dernier ; Monteneuf inaugurait sa nouvelle mairie avec les honneurs de la presse locale. Sur l'édifice précédent, cette petite commune de 800 habitant-es n'avait jamais eu de devise. Cette fois-ci l'équipe municipale avait donc fait le choix de l'inscrire mais dans une version qui semblait à tou-tes porteuse d'avenir : Liberté, Egalité, Solidarité.

Et les premières à s'en réjouir étaient les militantes de l'association féministe locale, les Egalithes. « Ça englobait les femmes » précise aujourd'hui Marie Huet qui regrette que la devise officielle, datant de 1848, rappelle un temps où si le suffrage universel existait il ne s'adressait - et pour encore près d'un siècle - qu'aux citoyens de sexe masculin. « Une époque – dit-elle – où les femmes étaient considérées comme juridiquement incapables, où elles n'avaient accès ni aux lycées ni aux universités et où les enfants appartenaient aux maris ».

« Ajouter l'autre moitié de la population

et se mettre en accord avec le changement de société »

Le remplacement du terme « fraternité » par celui de « solidarité » convenait donc à tout le monde à Monteneuf. « Il ne s'agissait pas – dit encore Marie Huet – de supprimer la fraternité mais d'ajouter l'autre moitié de la population et de se mettre finalement en accord avec le changement de société ». Une façon pour la petite commune de prendre de l'avance et de guider un peu le reste du pays vers un changement annoncé.

Hélas, les réjouissances du mois de janvier semblent loin désormais. Au printemps, les élections municipales sont passées par là. Et Daniel Huet, maire durant quatre mandats ne s'est pas représenté. C'est désormais Yann Yhuel qui préside aux destinées de la commune et avec son équipe il a pris la décision de faire effacer et réécrire la devise plus conformément à celle de la Constitution. Une question de légalité, plaide-t-il.

Aucun recours ne peut être envisagé par l'association qui a dû se résoudre à un simple entretien avec le maire. Toutefois, est restée l'envie de montrer son mécontentement auprès des médias. « On était fières de voir que notre commune osait ce geste symbolique, pacifique, et qui pouvait faire bouger les lignes au plus haut niveau » déplorent les militantes de Monteneuf qui espèrent que ce mauvais début n'entachera pas les futures relations de l'association avec la mairie.

Jusqu'à présent soutenues localement, ces femmes assurent que leurs actions s'inscrivent dans des politiques publiques puisqu'elles reçoivent également le soutien du département et même du Haut Conseil à l'Egalité avec lequel la commune a signé voilà trois ans la charte pour une communication sans stéréotypes de sexe. Dans l'immédiat, elles attendent la nomination d'un-e référent-e à l'égalité promise par le maire comme l'y encourage l'association des Maires de France.

Geneviève ROY